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Dans un monde du travail en pleine mutation, où les attentes des collaborateurs ont radicalement évolué, l’entreprise traditionnelle verticale et déshumanisée n’a plus la cote. Exit les méthodes managériales rigides et le culte du présentéisme. Pour séduire et fidéliser les talents, les organisations doivent aujourd’hui placer l’humain au cœur de leurs priorités. Et c’est là qu’intervient le « leadership bienveillant et performant », nouvel eldorado prôné par nombre d’experts pour repenser en profondeur les modes de fonctionnement. Au-delà d’un simple effet de mode, cette philosophie semble promise à un brillant avenir, comme en témoignent les multiples success stories récentes.
La confiance plutôt que la défiance
Fini le climat de surveillance permanente et la démonstration « obligée » d’un zèle forcené au bureau ! Les adeptes du leadership bienveillant et performant remplacent la défiance systématique par un crédo : faire confiance à ses collaborateurs et les responsabiliser.
« L’entreprise de demain se doit d’accorder plus d’autonomie à ses équipes, avec des objectifs clairs mais une liberté sur les moyens d’y parvenir », préconise Fabrice Michelin, consultant en management et auteur du livre phare « Le leader ému ».
Une philosophie déjà adoptée avec succès par des entreprises pionnières comme la SNCF ou Atos. Finis les contrôles tatillons, ces groupes ont largement assoupli leurs politiques de télétravail et d’aménagement du temps de travail, au profit de la responsabilisation de leurs salariés.
Bien-être et performance, alliés naturels
Loin de menacer la productivité, cette approche bienveillante semble au contraire favoriser l’engagement des équipes. Selon une méta-étude de l’Université de Warwick, les salariés heureux seraient jusqu’à 12% plus productifs !
La clé ? Ecouter ses collaborateurs, prendre en compte leurs besoins émotionnels mais aussi physiques. Une démarche incarnée avec succès par Sanofi qui, après une réorganisation poussée en 2020, s’est attelé à améliorer l’ergonomie des postes de travail et les services de restauration sur ses sites français.
« Le bien-être des salariés n’est plus un coût, c’est un investissement rentable sur le long terme pour toute entreprise moderne », assène Laurence Baruckel, responsable du programme Bien-être chez Sanofi France.
L’intelligence émotionnelle, nouvelle arme du manager
Au cœur de ce bouleversement culturel en entreprise, le rôle du manager est appelé à évoluer en profondeur. Exit le cliché du « chef » omniscient et autoritaire, la nouvelle norme est à l’intelligence émotionnelle et à la bienveillance.
Une valeur refuge en temps de crise
Mais au-delà des simples effets de mode, cette approche managériale plus humaine pourrait bien devenir une nécessité absolue dans les années à venir. Face aux défis croissants que représentent l’inflation galopante, la pénurie de main-d’œuvre et la quête de sens au travail, le leadership bienveillant et performant apparaît comme un puissant levier d’attractivité, de fidélisation et donc de pérennité pour les entreprises.
« Dans des contextes incertains ou anxiogènes, les collaborateurs ont plus que jamais besoin de repères stables, d’être rassurés et soutenus par leur hiérarchie. C’est la base d’une relation de confiance indispensable à toute organisation résiliente », analyse Gwenaëlle Delbart, consultante spécialiste des RH.
Un mouvement que les entreprises auraient tout intérêt à embrasser résolument, au risque sinon de voir leurs talents les plus prometteurs démissionner pour rejoindre des structures plus à l’écoute de leurs aspirations.
Réinventer les codes de la performance
Si le concept séduit, il reste cependant à harmoniser son application concrète au sein des organisations. Comment quantifier la bienveillance ? Faut-il au contraire cesser de tout mesurer ? Quels nouveaux critères retenir pour évaluer et valoriser la performance ?
Autant de défis qui nécessiteront d’opérer une refonte en profondeur des modes de travail et de management actuels. « Nous devons réinventer des modèles plus qualitatifs, à l’écoute du facteur humain plutôt qu’uniquement centré sur l’atteinte d’objectifs chiffrés », préconise Marie Trellu-Kane, présidente de l’Université de Paris Nanterre spécialiste des nouvelles organisations.
Une révolution comportementale de longue haleine donc, mais qui semble désormais inévitable pour de nombreux observateurs. Porté par des entreprises pionnières, le leadership bienveillant et performant s’inscrit bel et bien comme l’une des réponses d’avenir pour relever les défis sociétaux à venir. Reste à accélérer sereinement sa mise en œuvre, pour le bien-être de tous.